mercredi 8 février 2017

Victime de dépannage? Pas simplement les consommateurs mais les artisans aussi !

Ce samedi a été publié au Journal Officiel un arrêté du 24 janvier relatif à la publicité des prix des prestations de dépannage, de réparation et d'entretien dans le secteur du bâtiment et de l'équipement de la maison.

Cette obligation existait déjà depuis des années mais c’est la précision des prestations qui faisait défaut. Est-ce que cet arrêté va changer quelque chose? Je n’en suis pas si sûr. Une facture détaillée va seulement faciliter le recours à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Mais faut-il encore faire toutes les démarches, avoir le temps et surtout s’avouer victime d’une arnaque.


Causes de surfacturation

Je pense qu’il faut aller plus loin et s’attaquer à la source du problème qui est les moyens publicitaires très coûteux qui se répercutent directement sur la facture du consommateur.


Annonces sur Google Adwords

Par exemple, vous sortez de chez vous en oubliant vos clés à l’intérieur. Vous faites une recherche sur Google « serrurier nice »  et vous cliquez sur le premier lien. Saviez-vous que vous venez de cliquer sur une annonce Google Adwords et que le serrurier va payer plus de 60€ à Google? Et si vous revenez à la page de recherche 10 secondes après et recliquez sur la même annonce, le serrurier va payer plus de 120€ alors que vous ne l’avez même pas appelé !

En fait, la situation est encore pire que ça ! Comme les concurrents savent que le clic sur Google Adwords est cher, alors tous les serruriers cliquent les uns sur les autres. Du coup, statistiquement sur 10 clics le serrurier va recevoir 5 appels et au final décrocher 2 dépannages. Le serrurier aura dépensé juste en publicité plus de 300€ pour ouvrir votre porte. Pensez-vous sérieusement que ceux qui continuent à faire des annonces Google Adwords sur ces mots clés très coûteux vont vous ouvrir la porte à 60€ ?


Publicité dans les PagesJaunes

Les PagesJaunes exigent que les professionnels aient une vraie adresse postale dans les villes où une annonce doit paraître. Or un dépanneur peut se déplacer rapidement jusqu’à 70 km à la ronde. Cette contrainte pousse les dépanneurs à louer des bureaux dans plusieurs villes qui restent au final vide.

Pour chaque ville le dépanneur doit payer plusieurs annonces par mot clé, en effet la position des annonces sur le site des PagesJaunes change par roulement. Par exemple, pour « serrurier nice », il y a environ 180 annonces, si un dépanneur souhaite arriver dans les premières positions, alors il doit acheter plusieurs annonces pour avoir une chance de décrocher une mission.

Cela peut se chiffrer en dizaine de milliers d’euro voire des centaines à l’année.


Référencement naturel sur les moteurs de recherche

En France, plus 90% de recherches sur Internet se fait sur Google. Sur une page de recherche Google (SERP), après les annonces Adwords et GMB (Google My Business avec une map) vient les résultats de recherche naturelle. Il est vrai que les sites web qui apparaissent en premières positions ne paient rien à Google. A priori, vous vous dites que c’est gratuit, il n’en est rien !

En effet, les mots clés de dépannage sont tellement concurrentiels que seuls les professionnels de SEO sont capables de positionner un site sur la première page de Google. Les dépanneurs doivent donc payer ces intermédiaires qui leur permettent d’être dans les premiers.


Prospectus

Nous avons tous reçu dans nos boîtes postales des prospectus des dépanneurs. En général, ce ne sont pas l’édition des prospectus mais leur distribution qui coûte cher. Mais il y en a un qui coûte plus cher que les autres, ce sont les prospectus aimantés avec les numéros d’appels d’urgence (police, pompier, …, et le numéro de dépannage du professionnel). Dans ce cas, en plus des charges élevées de distribution, le prospectus coûte cher à l’unité aussi.

Certains n’hésitent pas à investir des centaines de milliers d’euros. Pour un ROI (retour sur investissement) rapide, ces professionnels n’hésitent pas à surfacturer.


En conclusion

Il y a encore tellement de chose à raconter dans ce domaine... Les médias racontent juste le constat des arnaques dans ce métier, alors qu’il y a une vraie guerre dans ce métier et une majorité d’artisans honnêtes.
Ces gens dont les pratiques sont douteuses, facilement reconnaissables (je pourrais écrire un autre article là-dessus), ternissent l’image des artisans et surtout les étouffent avec la pression qu’ils imposent avec leurs moyens d’investissement.
Oui les consommateurs sont victimes mais également une grande majorité des artisans.
Je tiens à remercier tous les artisans qui m’ont apporté leurs témoignages et notamment la société DCI à Nice qui souffrent de cette situation notamment pendant la période estivale où tous les requins débarquent sur la Côte d'Azur.


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